Si vous voulez faire des parties de Tunnels & Trolls, vous allez devoir soit initier des rôlistes à ce nouveau jeu, soit apprendre T&T à des jeunes qui ne savent pas encore ce qu’est un jeu de rôle. La tâche n’est pas si compliquée qu’elle en a l’air et, pour vous inspirer, Grimtooth a décidé de passer la plume à un MJ expérimenté en la matière : Soulclone, qui propose un article en deux parties dont voici la première. Grrraall interviendra éventuellement dans des encadrés pour ajouter son grain de sel, mais vos commentaires, questions et témoignages sont plus que les bienvenus ! Soulclone, tu as la parole !

Aujourd’hui, on le voit bien, une nouvelle génération d’adolescents, voire même d’enfants, s’abreuve de jeux vidéo, de séries télé, de bandes dessinées et de films dont les thèmes sont les super-héros, la fantasy, la science-fiction, le fantastique. Des thèmes que nous connaissons bien, nous les rôlistes. Pourtant, ils sont relativement peu à avoir entendu parler de notre loisir. Mais si nous, quand nous avions le même âge, avons succombé à la passion des dés, pourquoi n’en serait-il pas de même pour les jeunes d’aujourd’hui ?

Mettez du manga dans voter T&T

Eh bien peut-être que, dans la masse d’informations impressionnante qui nous entoure, il est difficile pour un loisir relativement confidentiel de venir aux oreilles de la nouvelle génération. Et c’est là que nous entrons en jeu pour passer le flambeau, parce que sinon, dans quelques années, les rôlistes ne seront plus que quelques dizaines de vieillards éparpillés dans les maisons de retraite de part et d’autre de l’Atlantique, se racontant leurs vieilles histoires de barbares et de sorciers.

Or, en 1975, un monsieur appelé Ken Saint-André a eu la brillante idée de créer un outil facilitant la découverte du jeu de rôle pour les débutants : Tunnels & Trolls, alors autant en profiter.

Deux situations dans lesquelles être prosélyte à propos de notre loisir :

1°) Dans votre entourage avec vos neveux, nièces, vos enfants, votre petit frère ou petite sœur ou encore les enfants de vos amis ou voisins par exemple. Bref, vous avez des jeunes dans votre entourage, et ce loisir pourrait leur convenir. Eh bien n’hésitez pas ! La prochaine fois que vous les voyez, demandez-leur si ça les intéresserait d’essayer le jeu de rôle. Expliquez-leur ce que c’est et, s’ils sont intrigués, proposez-leur une petite partie d’initiation de 1h30/2h avec une création de perso en 10 minutes (franchement, il vous faut plus longtemps que ça, avec Tunnels & Trolls ?), une situation de départ, un élément perturbateur et une résolution par les aventuriers qui deviendront ainsi les héros du jour. Mettez-y du cœur et surtout, essayez de ne pas trop vous prendre la tête avec les règles, le mieux étant qu’elles se résument pour les joueurs à : lance deux dés et ajoute ta chance s’il te plaît. T’as fait combien ? 26. C’est bon, tu évites de tomber dans le trou. Laissez-vous prendre à votre petite aventure et si le principe du jeu de rôle leur plaît, ils seront pris dedans également. Par contre, le jeu de rôle ne plaît pas à tout le monde, et il ne faut pas vous formaliser si l’essai n’est pas transformé. Le principe même de notre loisir n’est pas universel, et c’est bien normal. De la même manière que certains n’aiment pas jouer à certains jeux de société ou à certains (voire à tous les) types de jeux vidéo, certaines personnes n’aiment tout simplement ni le théâtre ni la littérature, deux activités auxquelles le jeu de rôle doit beaucoup également.

Pour accélérer le jeu, vous pouvez proposer aux joueurs des personnages que vous aurez préparé à l’avance pour eux, en fonction de leurs goûts et de l’idée qu’ils se font d’un héros d’aventure (pourquoi pas des animaux anthropomorphes comme dans les dessins animés ? Puisque T&T permet de jouer une fée ou un troll, pourquoi pas un renard bipède et parlant ?). Si possible, faites-leur des fiches simples et petites et tâchez d’y ajouter un portrait de personnage dont ils puissent être fiers (avec Word et un peu de Google-fu, rien de plus facile). Plus vos joueurs sont jeunes, plus il vous faudra prendre en main vous-même l’aspect technique du jeu, mais dans tous les cas, laissez-leur lancer les dés pour leurs personnages !

2°) Il y a une autre occasion pour faire découvrir notre hobby préféré à de nouveaux joueurs potentiels, ce sont les conventions ou toutes manifestations où le jeu de rôle pourrait avoir sa place. N’hésitez pas, s’il y a une petite convention de jeux de société ou de littérature dans votre ville, à proposer une activité de découverte du jeu de rôle aux organisateurs, ils en seront ravis. Dans ce cas-là, il va vous falloir être à l’écoute des personnes intéressées, parce qu’elles seront sûrement intimidées par l’idée même de devoir jouer un rôle devant des inconnus. Soyez magnanime et essayez d’expliquer le jeu de rôle en fonction des références de la personne que vous avez en face de vous (qu’importe son âge, c’est une personne qui mérite autant de considération qu’une autre). Cela vaut également dans le premier cas avec des jeunes de votre entourage d’ailleurs. Demandez-leur ce qu’ils aiment comme jeux (de plateau ou électroniques) ou comme romans, séries ou BD. S’ils jouent aux jeux vidéo  (la grande majorité des ados y jouent quand même) dites-leur que c’est basé sur le même principe, sauf qu’ici, on n’utilise pas de console ou d’ordinateur, mais on crée un personnage sur une feuille de papier comme dans un MMORPG avec des caractéristiques et un niveau et l’univers et les personnages non joueurs seront joués par vous, le meneur de jeu. Il faut bien que les gens comprennent le concept avant de se lancer, sinon ils risquent d’avoir une grande incompréhension en début de partie. La métaphore du roman marche bien aussi, chaque joueur crée un personnage qui pourrait être un personnage de roman et il pourra raconter ce qu’il fait tandis que le meneur de jeu sera le narrateur de tout le reste de l’histoire. Avec Tunnels & Trolls, il ne faut pas hésiter à invoquer Le Seigneur des anneaux comme exemple, que ce soit pour l’univers ou pour l’idée de scénario ou campagne.

Comment ne pas s'identifier aux héros du seigneur des anneaux ?

Un garçon de 15 ans, après la partie de démo qu’on a faite avec sa mère et son frère, a acheté le livre de base pour continuer à jouer avec son frère, sa famille et ses copains. Je n’ai pas un grand mérite, même si j’ai tout fait pour que ça se passe bien. Il était, comme beaucoup, un rôliste potentiel, mais il lui fallait découvrir le jeu pour le savoir. Bref, il a acheté le jeu et, dans l’optique d’être MJ à son tour, m’a posé un certain nombre de questions. Il n’avait absolument pas idée que l’on pouvait faire des suites d’aventures sur une durée très longue avec les mêmes personnages et m’a regardé avec de grands yeux quand je lui ai dit que ça faisait un an et demi que je faisais une campagne en jouant une partie toutes les deux semaines. C’est alors qu’un récit comme Le seigneur des anneaux qui raconte une quête longue et qui passe par un grand nombre de péripéties pour détruire l’anneau et vaincre Sauron est un bon exemple de ce à quoi peut ressembler une campagne.

À suivre…