(POUR L’ABRÉGÉ DES RÈGLES, C’EST PAR ICI. POUR LA FOIRE AUX QUESTIONS, C’EST PAR LÀ)

N.B. La présente rubrique vient compléter ou expliciter les règles de Tunnels & Trolls, que vous pouvez vous procurer chez Lulu.

Pour la petite histoire, c’est en travaillant pour le projet de Thieves’ World, en 1981, que Ken St. Andre eut l’idée du citoyen pour la première fois. Ce projet se présentait sous la forme d’une boîte contenant plusieurs livres et cartes et présentant la ville de Sanctuary, un univers que plusieurs auteurs, dont certains connus (citons notamment, autour de Robert Asprin, Poul Anderson, Philip Jose Farmer, ou Marion Zimmer Bradley), ont pris pour cadre pour écrire au côté de grands rôlistes de l’époque (parmi lesquels Dave Arneson, Mar Miller, Stve Perrin, Greg Stafford, et bien sûr Ken St. Andre, qui apporta avec lui Victoria Poyser, l’une des illustratrices des règles de T&T).

Cette campagne était jouable avec 9 système de jeu, dont Tunnels & Trolls. C’est bien sûr Ken St. Andre qui prit la plume. Il écrivit alors entre autres ceci:

Pour donner de la précision à mes descriptions, j’ai créé un type de personnage qui est absent de la 5e édition des règles de T&T, bien que son existence soit implicite dans les règles du jeu. Ce personnage n’est certainement pas un sorcier, un guerrier, un filou ou un guerrier-sorcier – pas plus qu’un voleur, un clerc, un paladin ou un barbare (des types de personnage étrangers à T&T). Appelons ce type de personnage le personnage « normal », et on a tout de suite une bonne idée de quoi il retourne. C’est le citoyen moyen, l’homme de la rue, par opposition à l’aventurier. La grande majorité des habitants de la ville tombent probablement dans cette catégorie, mais comme ils sont généralement sans intérêt, je n’en décrirai que quelques-uns.

Les citoyens étaient alors dans son esprit des sortes de figurants, parmi lesquels quelques-uns pouvaient prendre un rôle de personnages secondaires. Cependant, après avoir créé le système des talents, Ken St. Andre s’est rendu compte que son citoyen pouvait devenir réellement intéressant, et qu’il était prêt à assumer le rôle d’un personnage principal, c’est-à-dire d’un aventurier.

Citoyens de la Terre des Trolls

Le citoyen est tout simplement le personnage par défaut de Tunnels & Trolls. L’écrasante majorité de la population de la Terre des Trolls est en effet composée de citoyens et de citoyennes.

Le plus souvent, ces personnages font partie du décor des aventures ou en sont des acteurs secondaires. Ainsi, dans différentes aventures pour T&T, certains PNJ (personnages non joueurs) sont des citoyens. Citons Barakka l’alchimiste (citoyen de N2, spécialiste en alchimie), qui apparaît dans À la poursuite du Serpent d’Argent, Karlya la marchande et Halagalatindoufiel la ménestrelle, dans Le Nain Ivre, Fanfrelin le chasseur de trésors, dans Au cœur des brumes, etc.

Le citoyen n’est pas quelqu’un d’exceptionnel. Si vous amenez un brelan à l’un de ses attributs, il sera automatiquement un spécialiste.

Certes, le citoyen peut avoir appris à manier une arme (on pense au chasseur, qui se servira d’un arc, au mendiant ou au vagabond, qui sauront manier le grand bâton, ou au coupe-bourse, qui saura se servir d’un couteau). Il se battra alors en bénéficiant des dés de cette arme et de l’éventuel bonus de cette arme. Cependant, son bonus de combat sera diminué de moitié. Ce handicap n’est pas si grave pour un personnage de faible niveau. En effet, la plupart des personnages débutants ayant de toute manière un bonus de combat faible, ce handicap ne devrait pas coûter plus qu’une poignée de points dans le potentiel d’attaque du citoyen. De plus, il peut se servir sans problème d’une armure ou d’un bouclier, mais ne bénéficie évidemment pas du bonus du guerrier.

Le citoyen peut même avoir appris un ou deux sorts auprès d’une guilde (comme celle des marchands, des voleurs ou des forgerons, à des prix exorbitants), mais à condition, pour que le sort réussisse, de réussir non seulement l’épreuve d’intelligence habituelle, mais de réussir en plus une épreuve de dextérité au niveau du sort. À sa création, le citoyen connaît un sort en rapport avec sa profession (éventuellement créé pour l’occasion) si vous amenez un 6 en lançant un dé.

Jouer un citoyen est déconseillé, sauf pour le joueur qui cherche à relever un véritable défi. (Ken Saint-André)

Ce qui caractérise habituellement un citoyen est la profession qu’il exerce. Par conséquent, ses talents sont normalement liés à son métier (cultivateur, pêcheur, comédien, aubergiste, serrurier, scribe, etc.). Ce métier peut être fortement lié à son histoire familiale (voir en ce sens par exemple Gens du peuple, l’un des suppléments écrits par Lolof pour sa campagne T&T) .

Même si un citoyen n’est pas, par définition, un aventurier, il peut, à un moment de sa vie, se lancer dans quelque aventure : pensez à Bilbo, devenu « voleur », ou à Loial l’ogier. Concernant ce dernier, on notera que, dans T&T, tous les géants sont des citoyens, ce qui ne veut pas dire que, comme Loial, ils n’aient pas une considérable puissance de frappe en cas de combat.

Si vous voulez tenter l’aventure avec un citoyen, il vous faudra donc prendre du temps pour le peaufiner (arme de prédilection, talent initial, histoire personnelle).

Il est parfois difficile de faire la différence entre un héros et un citoyen ordinaire. Ainsi, il se peut fort bien que l’aubergiste grisonnant et sa femme elfe que l’on voit à droite du dessin ci-dessous ne soient rien d’autre que ce dont ils ont l’air, à savoir un couple de commerçants ordinaires gérant une modeste taverne, peu rentable, en périphérie d’un village. Ils ont élevé trois enfants, tous devenus adultes et partis chercher fortune dans le vaste monde. Il ne viendrait jamais à l’esprit de leurs voisins que ces gens bien tranquilles, dans ce village où tout le monde croit se connaître, puissent être en réalité à la tête d’une organisation secrète effectuant des missions d’assassinat ou d’espionnage pour le compte de clients habitant dans des villes lointaines. (Ken Saint-André)

Alors, c'est qui le plus fort, hein ?

(c) 2013 Liz Danforth et Steve Crompton