Nous continuons notre série de conseils aux MJ par un petit topo sur un aspect essentiel du jeu : l’ambiance.

Les joueurs de T&T peuvent être plus attirés par l’aventure en général, ou les combats en particulier, ou encore la diplomatie, ou les énigmes à résoudre, mais l’ambiance, comme l’humour, reste un ingrédient de toute partie de T&T réussie.
Ha ha ha !
Voyez par exemple l’image ci-dessus, qui peut être la scène d’introduction d’une aventure pour groupe. Les personnages, voyageurs ou membres d’un contingent armé de la ville de Khosht, ont été capturés par un troll des marais qui les traîne dans une cage quelque part vers Palud-Berlue.

Le MJ pourrait décrire la situation en se bornant à dire aux joueurs : « Voilà, vos personnages cheminaient sur la Grand Route de Khazan, sur laquelle ils campaient pour la nuit, à proximité de collines s’élevant à l’ouest, lorsque soudain, un troll des marais surgit, les ligote, les met dans une cage et les traîne au-delà des collines vers le nord-ouest en direction de Palud-Berlue.

Bof.
Le MJ a notamment pour rôle de décrire aux joueurs tout ce qui arrive à leurs personnages. Il est leurs yeux et leurs oreilles. Mais il est aussi leur nez, par exemple. Tous les sens interviennent. La description doit être vivante et fait intervenir des gestes, des mimiques, des intonations et des changements de voix que nous ne pouvons pas reproduire ici. Parfois, certains MJ ajoutent même une musique d’ambiance pour mieux plonger les joueurs dans l’atmosphère particulière qu’ils tentent de créer. Essayez de le faire au moins une ou deux fois au cours de la partie, et vous verrez que les joueurs apprécieront :-).

Vos personnages cheminent depuis des heures sur la Grand Route de Khazan. En sueur, les pieds en compote et les épaules lacérées par les lanières de leurs sacs et de leur équipement trop lourd, ils se jurent de réunir suffisamment d’or pour s’acheter des montures dès que possible. Le soir venu, s’éloignant de la route, ils trouvent une petite prairie pour dresser un camp sommaire. Ils peuvent enfin retirer leurs bottes et s’allonger dans l’herbe en profitant des derniers rayons du soleil. Malgré les collines qui se dressent plus à l’ouest, qui font rempart contre les odeurs de Grand-Marais, les moustiques sont nombreux. Qu’importe, les aventuriers sont heureux de manger tranquillement un morceau et de dormir à la belle étoile par cette chaude journée d’été.

Une fois la nuit tombée, alors que tout le monde dort, une silhouette immense s’approche du camp à la lumière de la lune. Des yeux jaunes luisent dans l’obscurité.

Lorsque les aventuriers se réveillent, c’est avec un gros mal de crâne et du sang en croûte dans les cheveux, au fond d’une grande cage qui roule tant bien que mal sur un sol bourbeux. Malgré la taille des roues, l’eau des marécages a envahi la cage et leurs pieds sont mouillés ainsi que leurs affaires. Leurs armes et objets magiques ont disparu. Autour d’eux se tordent les cyprès des bayous de Grand-Marais et la cage grince, tirée par un gigantesque troll des marais au moyen d’un harnais et de chaînes de fer. Visiblement, le troll peine et halète. On entend le bruit de sa respiration au-dessus de celui des maringouins et des clapotis de l’eau. De temps en temps, il se retourne et les aventuriers frémissent devant son sourire carnassier et son regard inhumain. Le troll passe régulièrement une langue gourmande sur ses dents effilées, ricanant en soufflant vers eux son haleine pestilentielle. La brume empêche de voir très loin et mille sons inquiétants font presque espérer aux aventuriers que le troll ne les abandonnera pas au milieu des marais.